Souvenirs, Part 2 – October 2010 – Olympic National Park, WA, USA
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2 – Octobre 2010 – Olympic National Park
Not a regular day in Olympic National Park: blue sky and sunny weather !
Une journée peut ordinaire à Olympic National Park : ciel bleu et temps ensoleillé !
Un peu plus tôt dans l’année, quelques jours de randonnée bouleversants dans le parc national de Big Bend, au Texas (voir le précédent post : Big Bend National Park), ont ouvert une porte sur un monde nouveau : il n’est visiblement pas nécessaire de quitter les sentiers, de s’aventurer en terre inconnue ou d’affronter d’importantes difficultés pour s’isoler, pénétrer dans un espace sauvage et finalement se découvrir soi-même.
Lorsqu’approchent les congés d’octobre, la carte des USA est rapidement réduite à sa partie ouest, puis parcourue du nord au sud à la recherche de la pépite qui pourrait répondre à ce besoin de nature et d’isolement. Sans vraiment comprendre pourquoi, c’est sur Olympic National Park que le choix s’arrête alors que les statistiques sont formelles : il pleut presque tous les jours en octobre, les précipitations annuelles cumulées peuvent atteindre les 4 m et il s’agit d’une des régions les plus arrosées des 48 états contigus.
Une semaine de congés début octobre, c’est à la fois un véritable luxe et une fenêtre bien trop exiguë. Pouvoir profiter d’un congé en automne, lorsque la nature exécute sa bascule vers l’hiver, c’est s’assurer d’être témoin assez exclusif de cet instant important. Mais pour le voyageur qui aime pouvoir prendre le temps d’apprécier et de contempler les choses, une semaine pourra sembler trop peu.
Ainsi, il pourrait être tentant d’imaginer que lors d’un voyage vers l’état de Washington, quelques jours soit consacrés à une visite de la ville de Seattle qui semble particulièrement intéressante. Mais cela serait aussi accepter de continuer à profiter d’un confort moderne et urbain tout en « sacrifiant » un temps précieux. Aussi, une certaine routine s’installe pour ce genre de voyages : sortir de l’avion, récupérer le gros Duffel bag jaune dans lequel tient tout le matériel de randonnée nécessaire, récupérer la voiture de location, filer vers le premier supermarché « bio » du type Wholefoods sur la route, et, sans se retourner, prendre la direction du « trailhead », le départ du sentier visé. Dans les parcs nationaux, il est souvent nécessaire de s’arrêter au bureau du parc pour acquérir un permis, mais aussi pour demander quelques conseils aux rangers. Une fois le précieux sésame en poche, l’itinéraire tracé, il suffit de garer le véhicule, de s’assurer que le sac à dos est bien chargé du nécessaire, sans superflu… puis de mettre un pied devant l’autre. C’est le premier jour que le contraste est le plus violent mais aussi le plus extraordinaire : on se réveille le matin en ville, chez soi, et le soir on dort dans une tente, dans le froid et parfois l’humidité, en pleine nature.
Extrait du journal :
« Il est de ces voyages qui font oublier toute notion de temps et d’espace. On se retrouve alors à vivre en suivant un rythme différent, nettement plus proche de ce qui est essentiel. Manger, dormir, avoir chaud… Dans mon cas, j’ajouterai marcher. »
Le programme de cette découverte du parc national Olympique est tout de même chargé : il est indispensable d’aller marcher le long des larges rivières, de toucher les mousses et lichens de la forêt tempérée humide, de sortir au-dessus des arbres sur les pelouses alpines pour tenter d’apercevoir les glaciers des Monts Olympiques et finalement, errer le long des plages de galets… le tout sans se presser, en prenant le temps de s’intégrer au paysage, d’apprécier chaque instant.
Hoh River Trailhead. Sur le parking, la portière de la voiture claque, les phares clignotent deux ou trois fois, refermant ce monde pour quelques jours. Les premiers pas dans la forêt tempérée humide sont inoubliables car en suivant le sentier on entre dans un univers fantastique ou de somptueuses mousses vertes cascadent le long des branches, de tous les côtés.
Extrait du journal :
« Je ne cesse de m’extasier devant chaque arbre, devant ces mousses dont le vert est presque fluorescent, sans oublier ces érables aux feuilles jaunes et orange. […] Il est déjà 15 heures lorsque j’attaque et j’ai tout de même 15 km à marcher… Je me perds doucement dans mes contemplations et pensées, j’entre dans la forêt, j’y pénètre de plus en plus profondément. Je sors de ce monde que je veux oublier pendant une bonne semaine. Après une heure de marche, je me retrouve totalement seul, plus de touriste ou de randonneur. Personne. Aussi suis-je surpris lorsque j’entends ce que je prends pour un sifflet de détresse… Je m’arrête, écoute… Ça siffle de plus en plus fort. Un malheureux aurait il fait la bêtise de s’avancer dans le courant de la rivière ? Alors que je surplombe la puissante rivière Hoh, j’avance un peu plus vite jusqu’à une ouverture dans la végétation. A une centaine de mètres, cinq femelles wapitis traversent le torrent alors qu’un mâle les suit en bramant, responsable de ce sifflement que j’entendais !”
Il pluviote, tout est humide, mais cette nature automnale est accueillante et enivrante. Le moindre ruisseau, la moindre feuille semblent avoir atteint un équilibre précaire, mais particulièrement esthétique, entre été et hiver. Le premier bivouac est particulièrement inconfortable, au milieu d’une petite clairière, dans des herbes détrempées. Les wapitis défilent régulièrement, allant presque jusqu’à ignorer ma présence. Un sommeil lourd et reposant vient clore cette journée solitaire dans la vallée de la rivière Hoh.
Durant les 4 journées suivantes, un beau temps sec est de la partie. Les paysages défilent, teintés de lumières et couleurs automnales. Lorsque le sentier s’élève, c’est une forêt alpine, de conifères, qui repousse la forêt humide vers le fond de la vallée. Plus haut, les lacs apparaissent, parfaits traits d’union entre le monde forestier et les pelouses alpines. Des grouses s’écartent sur le sentier, un splendide wapiti male me toise de son promontoire, vaguement inquiet de la présence d’un bipède à cette époque de l’année. Les pelouses sont colorées par les plans de myrtilles qui sont gorgées de sucre à cette époque de l’année… et les ours noirs s’en délectent ! Durant la très solitaire seconde journée de marche, ce sont 8 ours qui apparaitront sur le sentier ou de l’autre côté des lacs. Le randonneur solitaire a parfois droit à un regard, mais ce sont bien la multitude de baies sucrées qui ont toute leur attention !
Hoh lake Colorful patches of blueberries Hoh Lake, a real jewel
Extrait du journal :
« De l’autre côté du lac, une forme noire bouge, suivie par une plus petite : une ourse et un ourson se régalent, s’empiffrant de ces baies gorgées de sucre. Un autre apparaît un peu plus loin. Je reste là une bonne heure à contempler le lac qui s’illumine parfois lorsque les nuages s’écartent pour une éclaircie. Je profite égoïstement de cet instant si rare et si intense ; les plantigrades m’ignorent et continuent leur festin. »
Ils sont partout en effet ! Chaque jour, au moins l’un d’entre eux se montre, apparait parfois presque à côté de la tente, traverse une pelouse ou une clairière. Ils sont parfois imposants, puissants, mais assez peu inquiets. Il est tellement plaisant de s’assoir sur un rocher et de les contempler, de laisser le temps s’écouler aussi lentement que possible et d’imaginer que le plantigrade qui est juste là, en face, à 100 m, est tout aussi curieux.
Les belles journées sont assez agréables mais les nuits sont froides. Au matin, la toile de tente est glacée, comme le bord des lacs et des points d’eau. Le sentier monte, descend, traverse de denses forêts primitives de conifères (épicéas Sitka) puis s’élance vers les crêtes en traversant de vastes pelouses colorées. Lorsqu’un promontoire est atteint, la vue porte loin et la forêt semble infinie. On imagine l’océan vers l’Ouest. Au nord c’est le Canada qu’on aperçoit, et au sud, il n’y a que les glaciers des Monts Olympiques qui surplombent tout le reste. De retour dans la vallée, le sentier se faufile à nouveau entre les mystérieuses mousses, le temps commence à se couvrir et le son assourdissant de la rivière Hoh domine l’ensemble.
Le retour à la voiture symbolise toujours la fin d’une balade, un retour dans un monde plus confortable, dans lequel il suffit de claquer la portière pour s’abriter d’une averse. Cependant, si cette randonnée magique est terminée, la semaine n’est pas encore écoulée et la tempête qui arrive devrait tout de même offrir quelques éclaircies qui seront largement mises à profit pour explorer la partie côtière du parc et ses longues plages sauvages.
Les campings sont presque déserts et l’esprit est un peu perdu entre mer et montagne. Il y a tout de même plus de vie le long de la côte et cela contraste largement avec la solitude des journées passées en montagne, au milieu des ours et des wapitis. La tempête repousse les quelques curieux vers les parkings et le courageux se retrouve rapidement à déambuler seul sur les galets. Le paysage n’en devient que plus austère, peut être animé ou coloré par ces étoiles de mer qui apparaissent à marée basse. Lorsque l’océan reprend sa place, il est temps de rentrer, de fermer le rideau sur cet endroit incroyable et de s’arracher tout entier à cette contemplation qui a déjà ancré profondément ses souvenirs.
2 – October 2010 – Olympic National Park
Earlier that year, a few days of thrilling hiking in Big Bend National Park, Texas (see previous post : Big Bend National Park), opened a door to a whole new world: apparently it is not necessary to leave the trail, venture deeper into the unknown or face difficulties to find solitude, enter a wild area and finally discover yourself.
As October break is approaching, the USA map is quickly reduced only to its westerner part, then analyzed from north to south in search of what could be, at this season, a hidden jewel that could meet this need for nature and remoteness. Without really knowing why, Olympic National Park seems to be the chosen destination whereas statistics are quite discouraging: it is raining almost every day in October, annual precipitation ranges from 100-170 inches (2.5-4 meters) and it is one of the area of the 48 contiguous states that endure the greatest amount of rain per year.
One week off, early October, it is both a real luxury and a far too short window. Being able to enjoy this vacation in fall is the assurance of being an exclusive witness of the transition between autumn and winter, when nature reaches one of the most important and spectacular time of the year. But for the traveler who likes to take the time to fully appreciate and contemplate things, one week would not seem enough.
Thus, it is quite easy to imagine a trip to Washington state in which a couple of days would be spent visiting the city of Seattle. But, that way, it would be impossible to escape the modern and urban comfort while “sacrificing” some precious time. Therefore, some kind of routine has been slowly set for this kind of journey: getting off the plane, retrieving the big yellow duffel bag holding all the trekking equipment, picking up the rental car, stopping at the first organic supermarket (Wholefoods like) on the road, and, without looking back, reaching the trailhead. In the National Parks, a stop at the ranger’s office is often necessary in order to get a permit or to chat a bit with the rangers about the recent conditions and collect some advices. Once the precious paper in the pocket and the path well defined, the only things left are to park the vehicle and to be sure the backpack is ready with just the necessary items, nothing more… Then, it is just one step after the other. On the first day, the contrast is the most violent, but the most incredible as well: you wake up on the morning, at home, in town, and on the evening you sleep in a tent, in the cold and sometimes the humidity, in the wild.
Notes from the journal:
“There are those trips that make you forget everything about time and space. We then find ourselves living at a different pace, much closer to what is fundamental. Eating, sleeping, remaining warm, … and in my case, walking.”
This discovery of Olympic National Park should be quite busy : it is absolutely necessary to hike along those large rivers, to touch the mosses and the lichens in the temperate rainforest, to climb above timberline on the alpine meadow in order to catch a glimpse at the Olympic glaciers, and to wander on the pebble beaches… without going too fast, while taking the time to be part of the scenery, to fully appreciate every instant.
Hoh River trailhead. On the parking lot, the car door slams, the lights are blinking two or three times, closing this world for a few days. The first steps on this trail in the temperate rainforest are unforgettable as it looks like you are entering a fantastic universe where sumptuous green mosses cascade along branches from all sides.
Notes from the journal:
“I never ceased to be amazed by each tree, by those almost neon green mosses, not to mention those maples with yellow and orange leaves. […] It is already 3 pm and I still have to hike a bit more than 9 miles (15 km)… I’m slowly sinking in my own thoughts and contemplation, I’m entering the woods, deeper and deeper. I’m leaving this world that I want to forget for the whole week. After hiking for one hour, I end up absolutely alone, no more tourist or other hiker. Nobody. Hence, I’m quite surprised when I hear what I think is an emergency whistle… I stop, listen… It is whistling louder and louder. Would an unfortunate hiker have done the foolishness of venturing into the strong current of the river? I move a bit faster until I reach an opening in the trees as I’m overlooking the Hoh river. A hundred meters away, five female elks are crossing the powerful creek while a bull is following them, bugling, explaining this hiss I heard!”
It is raining, everything is damp, but this autumnal nature is welcoming and exhilarating. The slightest stream, the slightest leaf seem to have reached a precarious, but particularly aesthetic balance between summer and winter. The first bivouac is especially uncomfortable, in the middle of a small clearing, in some soaked grass. Elks are all around, almost ignoring my presence. A heavy and restful sleep ends this day in the Hoh River Valley.
During the 4 following days, the weather remains nice and dry. Every scenery is different, tinged with autumn lights and colors. When the path climbs, it crosses an alpine forest, leaving the rainforest down in the valley. Higher up some lakes are appearing, perfect links between the woods and the alpine meadows. Some grouses are running away on the trail, a wonderful bull elk is staring at me, vaguely concerned by a human presence at this time of the year. Meadows are colored by all the blue berries, full of sugar at this time of the year… and the black bears are stuffing themselves out of those! During the very solitary second hiking day, 8 bears are crossing the trail or are appearing on the other sides of some lakes. The lonely hiker sometimes gets a look, but the berries definitely get their full attention!
Notes from the journal:
“On the other side of the lake, a dark shape is moving, followed by a smaller one: a cub and his mom are having a feast, greedily eating all those very sweet berries. Another one appears a bit further. I stay here for a good hour, contemplating this lake that sometimes lights up when the clouds are moving away. I’m selfishly enjoying this rare and intense instant while the bears, totally at their feast, are ignoring my presence.”
They are everywhere indeed! Every day, at least one of them shows up, pretty close to the tent, or further, crossing an opening or a meadow. They are sometimes impressive, powerful, but not very worried. It is so enjoyable to just seat on a rock and admire those beasts, to let time go by as slowly as possible, and to imagine that this plantigrade, right here, maybe a hundred yards away, is just as curious.
Meadow above Heart Lake Lonely Black Bear Overlooking Hoh River Valley
Days are warm and pleasant, but the nights are cold. In the morning, the tent is icy, as well as the shore of the lakes or the small springs. The trail goes up and down, crosses dense primitive woods of Sitka spruce then rushes toward the ridges, going through wide colorful meadows. When a belvedere is reached, it overlooks what seems to be an infinite forest. It is easy to imagine the Pacific Ocean toward the West. North, it is possible to see Canada, and South, the Olympic glaciers are dominating everything. Down in the valley, the trail winds its way back through the mysterious mosses, the weather begins to get cloudy and the deafening sound of the Hoh river prevails over the whole.
Opening the door of the car symbolizes the end of the stroll, a comeback to a more comfortable world in which it is as easy as closing the door to shelter from a rain shower. However, while this magical hike is now completed, the week is not yet over, and the approaching storm should still give way to clear patches, at least enough to explore the coastal part of the National Park and its long and wild beaches.
Campgrounds are mostly desert, and the mind is a bit lost between see and mountains. The coast is not very populated, but it still clearly brings an intense contrast with the solitude of those days spent higher up, in the middle of the bears and elks. The storm is keeping away most of the visitors and the courageous one quickly ends up alone, wandering on the pebbles. The scenery becomes even more austere, sometimes enlivened and colored by these starfish, revealed at low tide. When the Ocean is coming back, it is time to go back, to close the curtain on this sumptuous place, this amazing Park, and extract myself from this contemplation that has already anchored its memory deep inside.
God, how I miss our trips to the US …… we need to go back
Your pics are amazing, as always !
Thanks ! I wish I could go back there to shoot more pictures, especially in fall. 10 years ago I was often shooting without exactly knowing what I wanted to do… When is your next trip ?
Brilliant blog post Oli, the amount of wildlife you encountered is so cool! I would be a bit worried about the bears though..
Thanks Andy ! Those were black bears, mostly interested by berries… I’ll talk about grizzlies in my next post : different story 😉