Souvenirs, Part 3 – October 2011 – Glacier National Park, MT, USA
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– Full slide show at the bottom of the page – Diaporama complet en bas de page -
Après avoir déjà passé 3 ans à Houston, il m’est devenu habituel de quitter cette grande ville pour aller me perdre dans les montagnes américaines. Voici quelques pages de mon journal, ce sont les notes ramenées d’une splendide balade de 4 jours dans un endroit incroyable.
« Dimanche 9 octobre 2011, Apgar Campground, Montana
L’odeur du sous-bois humide me réveille bien trop tôt. Le camping est situé en bord de lac, sous les premiers conifères de la vaste forêt qui s’étend le long des Rocheuses. Il a plu hier et probablement la nuit dernière et l’humidité matinale achève de révéler ces arômes absents du quotidien urbain : humus, aiguilles de pins, résine…
Le coucher de soleil était pourtant prometteur hier soir. Il faudra espérer que les quelques trouées laissant apparaître le ciel s’étendront vite car il serait bon d’attaquer les sentiers dès aujourd’hui.
Le premier petit déjeuner dehors, sur des bancs et tables en bois, loin de toute ville, est toujours le meilleur, celui qui marque la transition, celui qui permet de contempler et de réaliser qu’on est ailleurs, qu’on veut être là et qu’on est en train de faire partie d’un ensemble fantastique.
C’est le Montana, cet état du nord (Big Sky state) qui, à travers lectures et films, m’a toujours fait rêver. Au milieu coule une rivière, les livres de Rick Bass, Norman Maclean, Richard Ford ou Jim Harrison… C’est un endroit inconnu mais qui pourtant me semble si familier : Missoula, Butte, Helena, la Black Foot river des frères Maclean…
On the roadside, toward Many Glacier.
Sur le bord de la route, en direction de Many Glacier.
L’objectif, en cet automne bien avancé, est d’aller parcourir les sentiers de Glacier National Park dans le nord des montagnes Rocheuses américaines, juste à la frontière avec le Canada. A cette époque de l’année le paysage s’apprête à entrer dans l’hiver et les touristes ont déserté l’endroit depuis bien longtemps, assurant à coup sûr une solitude recherchée et désirée, combinaison parfaite pour ce qui ressemble de plus en plus à une retraite dans un milieu qui m’est cher et indispensable. Les grizzlis et autre chèvres blanches des montagnes (Mountain Goat) devraient être de la partie, en plus des désormais traditionnels ours noirs, élans ou coyotes.
Mon sac est prêt pour 6 jours de solitude en pleine nature, mais avant de pénétrer plus en avant dans cette forêt mystérieuse du nord il me faut convoiter un permis de bivouac. Un arrêt dans le seul bureau de rangers encore ouvert aussi tard dans la saison est donc obligatoire. Comme cette visite dans le parc est la première, il est obligatoire de visionner un film d’une trentaine de minutes sur les risques encourus lors d’une randonnée dans ces forêts et montagnes peuplées de grizzlis, d’ours noirs, de loups et de couguars. La vidéo a pour but de dissuader le randonneur insuffisamment préparé et dispense de précieux conseils en cas de rencontre inopportune.
La voiture de location patientera durant ces quelques jours sur un parking vide. L’après midi est déjà bien avancée et le bivouac envisagé est encore à quelques heures de marche. Au départ, quelques derniers panneaux tentent encore de dissuader le randonneur solitaire : les grizzlis sont ici nombreux et présentent un danger réel.
Croiser l’ours noir, animal déjà imposant, mais principalement herbivore et qui n’attaque qu’en cas de grand danger, est devenu une habitude ces dernières années. Par contre, je n’ai encore jamais croisé de grizzli, réel prédateur qui chasse pour se nourrir.
La curiosité et le désir d’une telle rencontre sont directement opposés à une humble crainte de ce qui pourrait arriver dans un tel cas mais l’appel du sentier et de la forêt est le plus fort, et, malgré les nuages bas et les averses régulières, ma foulée est franche et déterminée.
Le premier obstacle est un col permettant de gagner la vallée voisine qui abrite le long lac Elizabeth blotti au fond d’une vallée encaissée. Ce n’est pas vraiment un col, mais un tunnel (Ptarmigan Tunnel construit en 1930) qui permet de traverser une paroi afin de basculer sur l’autre versant. Le ranger rencontré le matin même m’annonçait que ce tunnel serait fermé le lendemain pour la durée de l’hiver. Le traverser aujourd’hui c’est s’éloigner un peu plus de la voiture et de ce qu’elle représente, ou encore s’assurer une journée d’effort supplémentaire pour revenir au parking si cela devenait nécessaire.
Après quelques heures de marche, juste avant la zone de bivouac, le sentier longe une splendide rivière mais voilà que le pont qui permet de la franchir a déjà été démonté ! Il faut donc s’engager dans un gué assez profond, l’eau à mi-cuisses, les chaussures attachées autour du cou…
Ma tente est rapidement montée dans la pénombre d’une soirée sèche. Les nuages ont disparu faisant place aux étoiles. Seul dans la forêt, au bord d’un vaste lac, une solitude intense et enveloppante se fait sentir. Le diner est englouti en quelques instants, loin de la tente pour ne pas attirer d’ursidés à proximité de l’abri durant la nuit.
Comme d’habitude lors de pareilles escapades, le sommeil arrive de bonne heure, non sans avoir profité de quelques pages de “Un week end dans le Michigan” de Richard Ford.
Il devrait faire beau demain, mais par la suite les prévisions sont peu enthousiastes. Quelle solitude.
Lundi 10 octobre 2011 – Elizabeth Lake, Montana
Elizabeth lake on the morning, with Ptarmigan Wall on the back
Au matin, Elizabeth Lake surplombé par le Ptarmigan Wall
Au réveil le soleil est déjà haut. Une nuit d’une dizaine d’heure a toujours un effet très positif ! Le lac brille et renvoie le bleu d’un ciel immaculé. Un sentier plat traverse la forêt pour rejoindre d’autres lacs, le lac Cosley, puis le lac Glenns, dans une vallée encore plus éloignée. Lorsqu’un carrefour se présente, l’hésitation se fait sentir : vers la droite il est probablement possible de retrouver une route, synonyme de confort et d’une certaine forme de sécurité, vers la gauche, le périple continue, le sentier s’enfonce plus profondément dans la montagne et la forêt. L’inconfort est parfois attirant… À l’embouchure du splendide lac Cosley, c’est encore un gué qui m’attend. Toujours aucune trace de faune locale si ce n’est un lagopède alpin (Lagopus muta). Les peupliers faux-trembles ((Populus tremuloides) sont couverts d’or et m’émerveillent à chaque instant. Le sentier boueux a conservé l’empreinte d’un couguar (mountain lion) et plus loin, près de l’emplacement de bivouac, ce sont des traces et excréments d’ours. Le soir, le mauvais temps pointe le bout de son nez. Demain une décision devra être prise : est-il raisonnable de continuer dans des conditions météorologiques déplorables ?
Mardi 11 octobre 2011 – Glenns Lake, Montana
Quelques gouttes sont tombées durant la nuit, mais la tente est sèche au réveil. Les nuages bas et menaçants ne sont pourtant pas encourageants. Tout est replié, et le sac sur le dos, je ne sais trop que faire. Est-il bien raisonnable de continuer ? Ce n’est finalement qu’une question de confort qui ne remet pas en jeu la sécurité, l’équipement est bon… et le rendez-vous avec la faune locale n’a pas encore eu lieu !
Je m’enfuis donc vers l’ouest et, après 200 ou 300 mètres, une averse magistrale mouille même les chaussures de grande randonnée dernier cri… Les prochains jours promettent tout de même d’être intéressants…
Tant pis, la décision est prise, je continuerai. Et, un peu plus loin, dans une trouée, lorsque le sentier s’élève, les taches blanches qui évoluent sur la montagne raide confirment ce choix : des chèvres des montagnes au pelage blanc évoluent sur une falaise. Un tel animal, aussi blanc, évoluant dans un milieu aussi hostile et vertical, semble sorti d’un compte de fée ! Cette seule vision apporte un peu de chaleur et de courage, et l’ours noir croisé un peu plus loin ne fait que renforcer ce sentiment. La pluie redouble pourtant d’intensité, froide, forte… Tête baissée, trempé malgré des couches de Gore Tex, je continue de m’élever vers le col Stoney Indian. La visibilité est réduite. Les excréments et les traces de grizzlis sont maintenant nombreux. Je m’attends à chaque instant à croiser ce grand plantigrade… mais rien. Le paysage est totalement invraisemblable, mystérieux. Les nuages sont partout et jouent avec les reliefs. Le froid saisissant interdit toute pause. L’inconfort des chaussures mouillées est total, le sac est lourd, les jambes fatiguent… pourtant le bonheur est assez intense dans ce paysage improbable et lorsque la pluie cesse, ce sentiment est véritablement décuplé.
Quelques éclaircies permettent de sécher quasiment tout le matériel. Assis sur un rocher, face à l’ouest, je laisse la caresse du soleil réchauffer mon organisme tout en savourant une solitude incroyable et en laissant sans réponses toute question potentielle. Je suis de plain-pied dans un présent dont j’aimerais prolonger la durée indéfiniment.
First moose encounter for this trip.
Première rencontre avec des élans durant ce voyage.
En reprenant la marche vers le 3ème bivouac, l’esprit est encore à divaguer alors que le corps savoure la chaleur d’un soleil toujours masqué par de fins nuages.
Sorti de nulle part, un couple d’élan me fait soudain face, m’observant pendant quelques instants avec curiosité et inquiétude avant de s’éloigner avec nonchalance. Émerveillé par cette 3ème rencontre de la journée, la foulée se fait plus légère malgré le sentier qui s’élève un peu plus. Quelques minutes plus tard, l’esprit encore embrûmé, il me faut un peu de temps pour identifier le regard qui s’est posé sur ma personne : un élan, un jeune mâle, est sur le sentier, à 5 ou 6 m devant moi et il ne semble pas disposé à vouloir libérer le passage. La bête est massive, tellement grande… et si proche… Il me prend alors l’envie de saisir mon appareil photo pour immortaliser l’instant mais l’excitation est trop importante et je n’arrive pas à effectuer les réglages nécessaires. Je ne me rends pas compte non plus que mon nouvel ami l’élan a commencé à s’avancer vers moi : ma présence sur ce sentier le perturbe et son attitude me fait comprendre que c’est lui qui aura la priorité. Je m’écarte vivement, juste à temps pour ne pas gêner l’animal qui me croise à moins d’une longueur de bras. Peut-être aurais-je dû profiter de l’instant pour l’effleurer, pour être certain que ces quelques intenses secondes n’étaient pas un rêve.
Un peu plus loin ce sont encore des chèvres des montagnes qui me saluent alors que je me dirige vers un emplacement de bivouac idyllique, Fifty Mountain Campground, bien haut dans la montagne, dominant une forêt qui semble infinie. Quelle journée…
Mercredi 12 octobre 2011 – Fifty Mountains, Montana
Il n’a pas plu cette nuit. Le vent aidant, la tente est totalement sèche et les conditions semblent remplies pour que la marche puisse tranquillement reprendre. Cependant a cette époque de l’année et en altitude la température matinale est bien fraîche et n’encourage pas le campeur à s’extirper de son confortable sac de couchage.
Il reste encore une journée et demie de marche le long d’une arrête montagneuse qui marque la ligne de partage des eaux. Le ciel est totalement couvert, alors que d’autres nuages semblent s’être perdus plus bas dans les vallées, et la lumière quelque peu blafarde qui atteint les montagnes permet à la couche de neige nouvelle de donner un contraste saisissant à l’ensemble. J’évolue entre ciel et terre et rarement ces deux mondes ne m’ont semblé aussi proches.
Le sentier est encore parsemé d’excréments de grizzlis et de trous creusés par ces ursidés pour trouver des bulbes. C’est en effet l’automne et il leur faut faire des réserves de graisse en prévision de l’hiver qui doit être rude par ici.
L’itinéraire évolue à une altitude constante et croise régulièrement, en fond de vallée, de petits torrents qui permettent d’assurer un approvisionnement régulier en eau. La démarche est toujours la même : poser le sac, sortir le filtre, la gourde, pomper un bon litre, boire, recommencer, tout ranger et repartir. Les journées de randonnées ne sont que répétitions de petits gestes essentiels et oubliés dans notre monde moderne.
Cette fois un spectateur me regarde effectuer la manoeuvre et lorsque je m’apprête à soulever mon sac, l’ours noir s’est déjà détourné du spectacle que je semblais lui offrir pour aller se gaver de baies. Nos rôles s’échangent et c’est à mon tour de passer un gros quart d’heure à l’admirer. J’ai croisé un bon nombre d’ours noir et à chaque fois je ne peux détacher mon regard de la bête. Large, imposante, forte et puissante elle impose une humilité trop rare dans notre quotidien.
Heureux et léger, je reprends mon effort sur une sentier qui n’est pas très large par ici. Un mètre peut être. À gauche, c’est une pente raide garnie de buissons compacts et il en est de même à droite. Encore émerveillé par cet ours que je viens de croiser, il me faut un peu de temps pour distinguer des formes qui semblent se mouvoir en ma direction. Un centième de seconde plus tard et tous mes sens sont en alerte : à 200 m, deux grizzlis avancent sur le sentier, droit vers moi… Non, trois !!!
L’instant de panique est bref et une peur inconnue me saisit. Tout mon corps crie : cours !!! Mon esprit reprend le contrôle : ne surtout pas courir, réfléchir et vite…
The 3 grizzly bears trying to identify this weird thing (myself)
Les 3 grizzlies essayant d’identifier la chose bizarre (moi même)
150 m. Prendre la fuite serait me transformer en proie vulnérable pour ces trois redoutables prédateurs : une femelle et deux jeunes d’un peu plus d’une année. En fait, ils courent vers moi en jouant.
100 m. Contre le vent, je réalise qu’ils ne m’ont pas vu.
50 m. Je dois réagir, car plus prêt, la rencontre serait dangereuse. Je suis habillé de ma veste de montagne verte fluo, mon sac est recouvert d’une protection anti- pluie bleue. Je lève mes bâtons de randonnée le plus haut possible et je crie en anglais (allez savoir pourquoi…) « Heeeeeee Bearrrrrrr ». La réaction est immédiate, les trois plantigrades s’arrêtent net, me regardent durant une fraction de seconde et la vision d’un grand machin vert fluo qui pousse des cris avec un accent français terrible les met en fuite dans la direction opposée. Une centaine de mètres plus loin, pause, les trois individus se dressent sur leurs pattes arrières, essayent d’identifier de loin ce que peut être cet intrus dans leur territoire et repartent sans se poser plus de questions. Mon corps est parcouru d’un frisson de soulagement, mais aussi de bonheur et de joie. J’ai vu des grizzlis, mais jamais je n’aurais imaginé une rencontre d’une telle intensité. Jamais une poignée de seconde n’aura été si longue. Quel souvenir…
L’heure suivante s’écoulera sans que je m’en rende vraiment compte et je remarquerai à peine cet autre grizzli qui partira devant moi en courant.
En début d’après midi, une forte pluie se remet à tomber sans discontinuer ni faiblir. Les nuages descendent, je ne vois plus rien et crains une autre rencontre dans de telles conditions. Me retrouver nez à nez avec un tel animal pourrait avoir une issue bien différente. Je décide de ne pas m’arrêter au bivouac prévu, car camper par un temps pareil ne serait pas une partie de plaisir, et de continuer pour tenter de rejoindre mon véhicule le soir même. Il me faut encore passer un col (Ahern Pass). La pluie redouble. Le sentier monte vers une falaise et emprunte une large vire. Deux nuages s’ouvrent et laissent apparaître une silhouette de ce qui pourrait être un couguar. L’instant est tellement bref que je ne suis toujours pas certain de ne pas avoir rêvé… Plus loin c’est une dernière chèvre des montagnes qui me salue du haut de sa falaise. Je dégringole vers le parking. Dans la descente, je surprends, sur le sentier, deux grouses qui devaient probablement se sentir cachées par l’épais brouillard. J’atteins mon véhicule éreinté par les dix heures de marche de cette dernière journée. Le parking est toujours vide. Je n’ai vu personne pendant 4 jours et la transition avec le confort de mon véhicule est presque choquante. En claquant la porte, je suis au sec, en sécurité, au chaud. »
Les derniers jours de ce voyage seront consacrés à une visite du somptueux parc national de Yellowstone. Qu’il est plaisant de parcourir les routes et sentiers déserts en cette saison…
Petrified, Mammoth Hot Springs Artist’s Paint Pots, Yellowstone NP Mammoth Hot Springs – Autumn
English :
After having already spent 3 years in Houston, it became usual for me to leave this big city in order to wander the American Mountains. Here are a few pages of my diary, notes brought from a stunning hike in an incredible place.
Sunday, October 9th, Apgar Campground, Montana
The smell of the damp woods wakes me up far too early. The campground is located near the lake, just under the first conifers of this immense Rocky Mountains forest. It rained yesterday and probably during this past night and the morning humidity reveals some fragrance absent from my urban routine: humus, pine needles and sap, …
Yesterday’s sunset was promising though but now I have to hope that the few blue holes in the clouds would soon enlarge enough to let me start my hike today.
The first breakfast outside, on a wooden bench and table, far from the city, is always the best, the one that marks a transition, the one that allows enough time to look around and helps me realize that I am elsewhere, that I want to be here and that I am finally becoming a part of a fantastic whole.
This is Montana, this northern state (Big Sky Country) in which I have never spent more than a night. Yet, thanks to books or movies, it seems so familiar: “A river runs through it”, books from Rick Bass, Norman Maclean, Richard Ford or Jim Harrison…
My goal, for this late fall, is to hike Glacier National Park in the northern U.S. Rocky Mountains, right on the border with Canada. At this time of the year, these mountains are about to enter winter and tourists have already deserted the place, ensuring my desired solitude. This trip looks more and more as some kind of retreat in a loved and much needed environment. Grizzlies and mountains goats should be there too, as well as the more traditional black bear, moose or coyote.
Lake Mc Donald
My backpack is ready for 6 days, alone, in the wilderness, but before entering these mysterious northern woods it is required to apply for a backcountry permit. Therefore, a stop in the only ranger’s station still open that late in the season is mandatory. As this is my first visit in the park, I have to watch a 30-minute film about the risks involved by hiking in this area where grizzlies, black bears, mountain lions and wolves are active. This video is supposed to discourage any inadequately prepared hiker and provides serious advice in the event of such an encounter.
The rental car will wait during those few days in an empty parking lot. The afternoon is already well advanced when I finally get to start, and the planned bivouac is still pretty far.
At the trailhead, a couple of signs are still trying to deter the lonely hiker: apparently grizzlies are pretty active and are a real danger. Encountering a black bear, an already pretty big but mainly herbivorous beast that would only attack if threatened, is now usual to me. On the other hand, I’ve never yet come across a grizzly, a real predator that hunts for food….
Curiosity and a deep desire for such an encounter with some of those animals are directly opposed to a humble fear… but the call of the woods and the trails is stronger, and despite dense clouds and regular rain showers, my first step is not too hesitant.
The first obstacle is a pass that gives access to the next deep valley where the long Elizabeth lake is nested. It is not really a pass but actually a tunnel (Ptarmigan Tunnel built in 1930) that allows hikers to get on the other side. The ranger, this morning at the station, told me that this tunnel would be closed tomorrow for winter. Crossing it today means getting a little further away from the car and its symbolic comfort.
Just before the bivouac area, the trail follows a splendid creek, but the bridge that is supposed to cross it has already been dismantled for the winter… The only way to go on the other side is to go into a rather deep ford, water as high as mid thighs, shoes tied around the neck.
Cooking area near Elizabeth Lake’s campsite.
Zone de cuisine près des emplacements de bivouac de Elizabeth Lake.
The tent is quickly set at dusk. The clouds have disappeared, and the stars have now all the room they need to shine. Alone in the woods, on the lake shore, I can fully appreciate that warm solitude I was looking for. Dinner is quickly swallowed, pretty far away from the tent in order to not attract bears near the shelter during the night. As usual during such trips, sleep comes early, just after reading a few pages of Richard Ford’s “The Sportswriter”.
Tomorrow should be a sunny day, but after that the forecasts are not really optimistic…
Monday, October 10th – Elizabeth Lake, Montana:
Elizabeth lake on the morning, with Ptarmigan Wall on the back
Au matin, Elizabeth Lake surplombé par le Ptarmigan Wall
The sun is already high when I wake up. A ten hours night has always a very positive effect! The lake shines and reflects the blue of an immaculate sky.
A pretty flat trail wanders through the woods and reaches lake Cosley, then lake Glenns in an even more remote valley. When the trails forks, it is hard not to hesitate: to the right it is probably possible to reach a small road synonymous with comfort and a certain form of safety and on the left, the journey continues as the trail goes deeper in the mountains and in the woods. Discomfort is sometimes attractive…
At lake Cosley’s outlet, I have to cross another ford, less deep. Except a ptarmigan (Lagopus muta) on the first day, I haven’t seen any wildlife… Golden aspens are everywhere. A cougar’s footprint is well marked on the muddy trail and later near the bivouac there is a black bear track as well as some bear scat.
On the evening, the bad weather is slowly showing up… Tomorrow a decision will have to be made: with bad weather conditions is it reasonable to go further?
Tuesday, October 11th 2011 – Glenns Lake, Montana:
I’ve heard a few drops falling during the night, but the tent is dry when I wake up. The weather is really not encouraging. Everything is ready and, backpack already on my shoulder, I’m still not decided. Is it really reasonable to go further on this trail? In the end, it is only a question of comfort and being in the mountain often requires some sacrifices. I know my equipment is good… and I still haven’t seen any animal.
I jump on the trail westward and after two or three hundred yards my decision is welcomed by a strong downpour, soaking even my brand-new hiking boots! The next days are going to be interesting…
Anyway, my decision is made, I’ll keep going. A little bit further, when the trail starts to steepen, the moving white spots on a steep and impressive mountain are confirming this choice: some mountain goats are literally hanging on the wall. Such an animal, so white, evolving on such a vertical cliff seems to exist only in fairy tales. This sight brings some warmth and courage (it is the first time I get to see mountains goats), and the black bear crossed a tiny bit later only reinforces this feeling. The rain, however, is even stronger now, cold, intense… Head bent, body drenched despite layers of Goretex, I follow the trail toward Stoney Indian pass. Visibility is really low. Grizzlies squats and footprints are everywhere now and I’m ready to see one at any moment… but nothing. The landscape is totally unreal, mysterious. Clouds are everywhere and are playing with the hills and the summits. The biting wet cold forbids any break. The discomfort of my wet shoes is now total, the backpack starts to feel heavy on my shoulders, legs are getting tired… yet happiness is quite intense in this unexpected scenery and when the rain stops, this feeling is truly tenfold.
Some breaks through the clouds are helping to dry almost all my equipment. Seated on a rock, facing west, I let the caress of the sun warm my body while enjoying this unique solitude and leaving any potential question unanswered. I am totally in this moment that I would like to extend indefinitely.
Back on the trail toward the third bivouac, my mind is still wandering while my body savors the warmth of a sun partially hidden by thin clouds. Out of nowhere, two moose are suddenly facing me, observing my person with curiosity and anxiety before moving away nonchalantly. Absolutely fascinated by this third encounter of the day, each step seems lighter despite the steeper trail. A few minutes later, still lost in my thoughts, I need a little time to realize that something is watching me: this something is another young male moose, right on the trail, only 20 feet away and he doesn’t seem willing to clear the way. The beast is massive, so big… and so close! I want to grab my camera to snap the moment, but I’m overexcited and I can’t set my camera correctly… I need some time to realize that my new friend is not really at ease and has started to slowly move towards me: my presence on this path is a disturbance and he wants to follow that trail with or without me on it. I move away sharply, just in time to let him pass, less than an arm length away. Maybe I should have taken advantage of the moment to touch him, just to be sure that those few intense seconds weren’t a dream.
A little further, more mountain goats seem to wave at me while I head toward an idyllic bivouac site, Fifty Mountain Campground, really high in the mountains, overlooking forest as far as my eyes can see. What a day!
Wednesday, October 12th 2011 – Fifty Mountains, Montana
It didn’t rain last night. The wind helping, my tent is completely dry, and I can resume this hike. However, at this time of the year and at this altitude, morning temperature can be pretty cool and doesn’t encourage the camper to get out of his warm and comfortable sleeping bag. A bit more than a day of efforts remains along the continental divide marked by a mountainous ridge. The sky is grey, totally covered, while other clouds are lost further down in the valleys. There is a fresh layer of snow higher up and the somewhat pale light reaching the mountains enhances the contrast of this whole. I’m evolving between sky and earth and rarely have these two different worlds seemed so close. The path is strewn with grizzlies dropping and holes dug by those bears to find bulbs. Indeed, it is fall and they have to stock up on fat in order to spend a winter that must be harsh around here. The trail remains more or less at the same altitude and regularly crosses small creeks at the bottom of small valleys, ensuring a regular supply of water. The process is always the same: drop the bag, take out the filter and the bottle, pump a good liter, drink, pump a bit more, put everything back in the backpack and resume. Hiking days are only repetitions of small essential gestures and details, forgotten in our modern world.
This time, I have a spectator looking at me pumping and drinking this fresh water, and when I’m about to lift my bag, the black bear has already turned away from the distraction I was offering to keep stuffing himself with wild berries. We switch roles and it is my turn to spend a good 15 minutes to admire him. I’ve come across lots of black bears and each time I can’t take my eyes off the beast. Large, massive, strong and powerful, bears impose a good dose of humility, far too rare in our daily life. Happy and light, I resume my effort on a pretty narrow path. Three foot maybe. On the left, there is a steep and bushy slope and it looks very similar on the right. Still amazed by this bear I just met, I need a little time to identify those moving shapes, coming straight at me. A hundredth of a second later all my senses are on alert: 200 yards ahead, two grizzlies are running on the trail, straight toward me… no, three!!!
An intense but very brief wave of panic is overflowing my mind and my whole body is gripped by an unknow fear. Every part of my brain is yelling: RUN!!! My mind is quickly back in control: do not run, think… fast!
150 yards. Running, I would look like a vulnerable prey for those three fearsome predators: a large female and two big cubs, probably more than a year old. They are running toward me while playing.
100 yards. Against the wind, I realize they have not noticed me yet.
50 yards. I need to react, to do something, because a closer encounter could be dangerous. I’m wearing a neon green rain jacket and my backpack is under a blue rain cover. I’m raising my trekking poles as high as I can and I’m shouting in English (who knows why…) “Heeeee Bearrrrrr”. Their reaction is immediate and the three plantigrades stop right away, look at me during a fraction of second and the vision of this big neon green thing shouting with a terrible French accent makes them flee in the opposite direction. That must be the accent… After racing for a good hundred yard, pause, the three bears stand up on their hindlegs, try from far to identify what could be that intruder in their territory and end up running away without asking further questions. My whole body is filled with a shiver of relief, but also of happiness and joy. I have met grizzly bears, but I never imagined an encounter of such an intensity. Never has a few seconds been so long. What a souvenir…
I don’t really remember the next hour and I had barely noticed this other grizzly bear running out in front of me.
A heavy rain starts to fall at the beginning of the afternoon without stopping or weakening. Clouds are lower and I can’t see a thing. I start to fear another encounter in such a poor visibility. Coming almost face to face with another bear could have a very different outcome. I decide not to stop at the planned bivouac because setting the tent in such a weather would not be enjoyable and I keep walking in order to reach my vehicle the same evening, hopefully before the night. I still have to climb a last pass (Ahern Pass). The rain intensifies. The path climbs up to a cliff and follows a wide ledge. A breakthrough into clouds reveals a silhouette of what could be a mountain lion. This moment is so quick that I’m still not sure that I have not dreamt. Further, a last mountain goat greets me from the top of a cliff. I’m almost running down toward the parking lot and I surprise, right on the trail, two grouses. They were probably feeling well hidden in that thick fog. I finally reach my rental car, exhausted by this ten-hour hike under the rain. My car is still the only one in the parking lot. I haven’t seen anyone during the last 4 days and the transition with the comfort of my contraption is almost shocking. Closing the door, I’m immediately dry, safe and warm.”
The last days of this trip will be spent in Yellowstone National Park, enjoying the calm of the deserted roads and trails of the place in this season…
Mammoth Hot Springs Elements Leaving Yellowstone NP