Fiambala (Argentina) – Lima
Lima, Peru
Après 10 jours de quasi solitude dans les impressionnantes montagnes de la Puna d’Atacama il est dur, mais agréable, de revenir à la réalité, de reprendre la voiture, de voir monsieur tout le monde arpenter les rues, de tourner le robinet pour profiter d’une douche chaude. Je parlerai plus tard de notre tentative d’ascension du Nevado Ojos del Salado, plus haut volcan du monde, second sommet des Andes et d’Amérique du Sud mais en attendant, le voyage n’est pas terminé. Ce volcan était notre point de retour, et il aura encore fallu près d’une semaine pour rejoindre Lima en traversant une nouvelle fois l’Altiplano pour retrouver le désert d’Atacama et suivre la côte, toujours désertique afin d’atteindre la capital péruvienne.
Fiambala en Argentine c’est une sorte de bout du monde. Sur la route, la prochaine ville est Copiapo, au Chili, à environ 450 km. Entre les deux, il n’y a pas grand chose : un poste frontière, quelques refuges d’urgence, le Paso San Francisco qui marque la frontière physique à 4700 m. Par contre, pour l’amoureux de montagnes et de grandes étendues c’est encore une fois une palette de couleurs, une diversité de paysages vastes, désolés et durs qui s’offrent au regard. Il serait possible de s’arrêter tous les 100 m pour photographier des sujets dans toutes les directions.
On pourrait passer des journées entières à arpenter cette excellente route, d’est en ouest et d’ouest en est afin de rencontrer les meilleures lumières, de jouer avec les nuages et les orages. Les guanacos sont venus se mêler aux classiques vigognes, les ânes sauvages sont nombreux, des canards et quelques flamants roses se partagent les plans d’eau. Les touffes d’herbe jaune sont les seules traces de végétation, harcelées par les vigognes et le vent. Celui-ci souffle sans relâche sur ces volcans arrondis, renforçant encore l’hostilité d’un milieu déjà particulièrement dur : soleil, sable et vent sont ici aussi des constantes.
En basculant versant chilien le feu d’artifice continue : les irrésistibles eaux émeraudes de la Laguna Verde (à ne pas confondre avec celle du Sud Lipez en Bolivie) attirent le regard, puis ce sont encore des volcans toujours plus beaux et uniques qui se dévoilent et enfin, comme un au revoir, c’est le Nevado Ojos del Salado qui nous montre sa parure chilienne, agrémentée de nuages en dentelles. Il faudra revenir.
Et c’est la descente, raide, longue, sur une piste de qualité variable vers Copiapo, ville minière qui ne semble pas attirante. Cela semble tellement loin des sommets que l’altimètre s’affole pour finalement afficher une altitude de quelques dizaines de mètres seulement lorsque le moteur s’arrête à Caldera, au bord de l’océan Pacifique. La foule dans les rues, des odeurs de friture et de fast food, des churros sur la place centrale occupée par des manèges, l’élection de la « Princesse de Caldera » sur le port de la ville, des artisans, de la musique, des odeurs, du bruit. Il est minuit lorsque le sommeil libère enfin le corps et l’esprit.
Sur la route de Lima le désert d’Atacama est truffé de points d’intérêts, de monuments classés patrimoine mondial de l’UNESCO. Il faudra choisir car il n’est pas possible de s’arrêter partout. Le parc national de Pan de Azucar sera le premier point « repos ». En effet, il semble magnifique de s’y promener, d’aller observer les lions de mer et les pingouins de Humbolt, mais hélas la faune n’est pas au rendez vous et le parc à été dévasté l’année dernière par des pluies diluviennes, fermant la plupart des routes et accès. Une après midi lecture au calme, profitant du bruit des vagues sera finalement la bienvenue.
Sur la côte, il n’y a pas de règles : certains ports sont de véritables friches industrielles (Chañaral), d’autre de vrais bijoux (Taltal, Tocopilla). La Panamericana s’éloigne par la suite de l’océan pour s’enfoncer dans le désert d’Atacama. Ici la terre est marquée par l’exploitation massive du salpêtre (nitrate de sodium) au début du XXème siècle destiné à être utilisé comme engrais ou surtout dans la fabrication des explosifs.
Les « oficinas », véritables petites villes-usines sont nombreuses et témoignent de cette époque faste. Les ouvriers y vivaient avec leurs familles et y travaillaient. Certaines comme celle de Chacabuco ont été reconvertie en camp de travail sous Pinochet.
Et voilà la frontière Péruvienne. Ce sera la 6ème et dernière frontière franchie durant ce voyage et finalement ce sera aussi la plus mauvaise expérience. Prêt de 3 heures pour traverser la barrière péruvienne, des douaniers peu sympathiques et peu motivés, assis, donnant des ordres…
Une fois au Pérou c’est l’attitude sur la route qui surprend rapidement. Seuls les feux tricolores sont respectés… Dépassements quasi suicidaires dans les virages, dépassements sur ligne blanche, non respect des signalisations, vitesses limites indiquées totalement irréalistes généralement doublées ou triplées (40 ou 60 km/h sur d’immenses lignes droites désertes). La conduite demande une attention de tous les instants…
Un arrêt confortable à Arequipa (seconde ville du pays) permet de recharger les batteries pour les 2 dernières journées sur la côte. Nous connaissons le paysage car c’est la route que nous avions empruntée il y a 6 semaines. La lassitude se fait sentir et il est maintenant temps d’arriver à destination…
English :
After 10 days of quasi solitude in the stunning mountains of the Puna de Atacama it is pretty hard, but comfortable, to get back to reality, to drive a car, to see people hanging out in the streets, to just turn on the faucet to enjoy a hot shower. I’ll talk later about our attempt on the Nevado Ojos del Salado, highest volcano in the world, second summit of the Andes and therefore of South America, but before that our trip is not over. This volcano was our u-turn point, and one week was necessary to return to Lima, traversing the Altiplano one more time to reach the Atacama Desert before following the arid coast that leads to the Peruvian capital.
Fiambala in Argentina is kind of the end of the world. On the road, the next town is Copiapo in Chile, 280 miles away. In between there isn’t that much: a frontier post, few emergency refuges along the road, the Paso San Francisco as a physical border at 15400’. But for the mountain and desert lover, it is one more time a wide color palette, a diversity of immense and desolated landscapes that are out there. It is the kind of area where you could stop every 100 meters to shoot pictures in every direction.
It should be possible to spend days, moving along this excellent road, looking for the best light, playing with clouds and thunderstorms. The usual vicunas are now mixed with guanacos, wild burros are everywhere, and ducks and flamingos are sharing some lagunas. The yellow grass is the only vegetal here, harassed by the vicunas and the wind. This one blow constantly on the curved volcanoes, reinforcing the harshness of an already difficult environment: sun, sand and wind are constant here.
On the Chilean side the fireworks goes on: the emerald waters of the Laguna Verde are glowing, the surrounding volcanoes are insanely beautiful, and as a goodbye, the Nevado Ojos del Salado is showing is Chilean dress, just under lace like clouds. I will have to come back.
And here is the downhill slope, steep, long, on an average dirt road, to Copiapo, a mining town that doesn’t look appealing. It seems so far from the mountains that the altimeter is panicking to finally show an altitude of only few feet when the engine stops in Caldera, on the Pacific coast. Crowded streets, fast food smell, churros on the Main Square, “Princess Caldera” election near the beach, artisans everywhere, loud music, more smells, and noise. It is not before midnight that sleep is bringing some release.
On the road to Lima, the Atacama Desert presents an interesting variety of monuments and landmarks, some of them are declared UNESCO world heritage.
The National Park Pan de Azucar will be a good place for a first rest. Indeed, this place seems beautiful and interesting, with sea lion and Humbolt pinguins. Halas, those animals are not around during our visit and the park has been severely flooded last year, which means that most of the roads and accesses are now closed. A rest day on the beach with a good book is finally welcome.
On the coast, a little bit of everything can be found: some small towns are old industrial ports almost abandoned (Chaparral), some others are real jewels, welcoming, pretty and clean (Taltal, Tocopilla).
Then, the Panamerica road is leaving the ocean to dive deeper in the Atacama Desert. Here, the scars of some severe saltpeter extraction during the beginning of the 20th century are still visible. The nitrate soda was mainly used for fertilizing and, of course, for explosives.
“Oficinas”, real town/factories were everywhere and are now witnesses of this prosperous time. Workers were living and working there with their families. Some places, like Chacabuco, were converted into concentration camps after Pinochet coup d’état.
Peruvian border. Finally. It will be the 6th border and the last one to be crossed during this trip and the worst experience as well. Around 3 hours were necessary to cross the Peruvian gate, custom officers showing a real lack of sympathy, a real lack of motivation, giving orders while staying seated…
Once in Peru, the behavior on the road is almost shocking. The only things that are respected are the traffic lights: cars passing without any visibility, passing on a double white line, absolutely no respect for signs, signs indicating unrealistic speed limit that were easily doubled or tripled (40 or 60 km/h for perfect deserted straight lines…). Driving requires full attention at any time.
A great night in Arequipa is perfect to get some serious rest and a nice diner before heading back on the road for the last 2 driving days along the coast. This part is familiar: we took it 6 weeks ago when we started this trip… It is now time to go home!