Puna de Atacama in Black and White
Lima, 5 mois après ce voyage :
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En arrivant à San Pedro de Atacama on s’éloigne de la Bolivie, mais on quitte aussi l’Altiplano. En quelques kilomètres l’altitude chute de 4600 m à 2000m. On redécouvre la chaleur, la vie facile du touriste qui n’a qu’à faire quelques pas pour gouter à de succulents plats chauds et découvrir les crus Chiliens. Il n’est pas nécessaire de se battre contre le vent pour planter sa tente ou d’abriter le réchaud pour pouvoir cuisiner quelques pâtes. Qu’il est bon de gouter à ce luxe tout relatif et finalement abordable…
Cependant, après quelques semaines passées en altitude, dans le vent et dans l’incertitude, le contraste est violent et l’appel de la route, de la solitude se fait si puissant qu’il devient facile de s’arracher une nouvelle fois à la ville et à la foule.
En reprenant le chemin des Andes, on se rapproche de l’Argentine. Pour une raison étrange c’est par là que l’on quitte les cartes des guides touristiques et cela à une conséquence assez fantastique et attendue : la solitude. Commencent alors des journées entières passées sur des pistes de qualités variables, des bivouacs improbables, des traversées d’espaces dont on ignore l’existence.
Et les orages du soir. Incroyables. De l’ouest, le soleil éclaire les herbes jaunes d’une lumière de fin d’après midi alors que de l’est la tempête arrive. Les nuages sont sombres, menaçants. Les contrastes sont saisissants et il est bon de s’arrêter pour admirer le spectacle, profitant de la sécurité du véhicule. C’est violent, intense, bruyant, et bien souvent cela dépose une couche de neige fraiche et immaculée sur les hauts sommets environnants.
Et il y a Fiambala. En fait Fiambala n’a rien de particulier : une petite ville qui vit au ralenti et au rythme des passages du Dakar. Un coin qu’on ignorerait totalement si ce n’était pas une porte ouverte sur les hautes Andes et les sommets arrondis de plus de 6000 m. On entre là dans un « no mans land » complet, un paysage minéral insoupçonné et d’une rare beauté. C’est par là, campé sur la frontière, que se trouve le Nevado Ojos de Salado, plus haut volcan du monde (dont le cratère abrite le plus haut lac du monde) et second sommet des Andes culminant à 6893 m : l’objectif de ces 6 semaines de voyage. On pourrait s’attendre à rencontrer une foule dense et avide de conquête sur les pentes d’une telle montagne. Il n’en est rien. La montagne se montre rude, haute, éloignée. Il faut écarter vallée après vallée pour y pénétrer, traverser des plateaux immenses, accepter de raccourcir les pas dans le sable, s’armer de patience avant d’apercevoir l’objectif. Les nuits sont difficiles à plus de 5000m… Mais je reparlerai plus en détail de cette aventure à part : notre tentative d’ascension de l’Ojos de Salado.
Quelques mois plus tard il se passe rarement une journée sans que des images ou des souvenirs de ces incroyables montagnes ne me reviennent : les pénitents de glace devant le bivouac, les nuages qui défilent à toute allure dans le ciel si proche, les températures de -15 ou – 20º C la nuit et de plus de 35ºC dans la tente la journée, le vent dont la force varie d’une minute à l’autre et le sable qui encore une fois envahit notre fragile univers. Et le soleil qui chaque jour brille et nous réchauffe. Et personne.
Lima, 5 months after this trip :
Leaving Bolivia to reach San Pedro de Atacama in Chile, it is leaving the Altiplano too. In just a few miles, the altitude is dramatically dropping from 15,000’ to 6,500’. One can rediscover heat here, or the easy life of tourists who just have to walk a few steps to taste some great food and some Chilean wine. There is no need to fight some crazy wind to set up the tent or to find a shelter for the stove in order to try to cook some pasta. Yes, it is great to taste this relative luxury!
However, after few weeks in altitude, in the wind, being sure of nothing, this contrast is pretty dramatic and it doesn’t take long before feeling a powerful call from the road and the solitude. Then, it is actually quite easy to leave the city and the crowd.
On the way back to the Andes, the road is getting closer to Argentina. For a mysterious reason, travel guides are not mentioning this area and for us the consequence is quite fantastic: solitude. And we are just going through entire days alone on the road, incredible bivouacs, amazing places that we totally ignored that they even existed.
And those evening thunderstorms. Incredible. From west, the sun is shining over some yellow grass and from east the storm is coming. The clouds are so dark and so threatening. The contrasts are stunning and it is so good to watch the show, well sheltered in the car. It is violent, intense, noisy, and quite often it brings an immaculate white touch on the higher summits.
And there is Fiambala in Argentina. There is nothing special in Fiambala : it is a little town that lives slowly, waiting for the next Dakar race. It is a spot that we could totally ignore if it wasn’t an open door on the high Andes and the amazing rounded 20,000 feet high summits. Here, we are entering in a complete no mans land, one of the most beautiful and unexpected mineral landscape. It is here, on the border with Chile, that the Nevado Ojos de Salado stands, highest volcano on earth (sheltering the highest lake on earth in its crater) and second highest summit of the Andes (and therefore in South America), at 22,614 feet. This is the goal of this 6 weeks trip. We could expect a dense crowd, hungry for such a conquest on the mountain’s slopes. It is the exact opposite. The mountain is harsh, high, far. The path goes through multiple valleys and large and long plateaus. The step is shorter in this deep sand; the nights are not that easy at more than 16,000’… But soon I’ll talk more about this incredible adventure: our attempt on the Ojos de Salado.
Few months later, there is rarely one day without some thoughts for those incredible mountains: ice penitents in front of the bivouac, clouds moving so fast in the sky, temperature of 0 or -5 F during the night and more than 95 F in the tent during the day, the wind that is changing so quickly, this sand that one more time is taking over everything and the warm sun that is shining every day. And nobody else.
superbes photos et toujours beaucoup d’émotions manifestement en évoquant ces souvenirs magiques. J’ai l’impression de faire un peu le voyage…